Illust. Antoine Kruk

Pandémie, récession économique, crise environnementale… la saison des censeurs et des angoissés de tout poil est ouverte ! En contre-pouvoir, d’incorrigibles épicuriens s’en donnent à cœur joie. Comment ne pas sombrer dans l’excès ?

Trouble-fête, broyeur de noir, père la morale, ronchon chronique, incorrigible pessimiste, grand prêtre de la bonne pensée, ennemi juré du boute-en-train, bonnet de nuit, trouble-joie… : en voilà un qui a la cote dans le dictionnaire des synonymes ! Vous l’aurez reconnu, on parle ici du rabat-joie de service, ce sniper de la censure toujours prêt à en découdre avec la pensée positive ou toutes autres bonnes nouvelles qui osent croiser son chemin. Son dada ? Les périodes de crise où il performe comme jamais. En témoignent le confinement et le déconfinement, qui lui ont ouvert l’autoroute du négativisme. Âmes enjouées, il est temps de vous armer de patience ou alors de peaufiner vos punchlines «clouage de bec».

Car la nouvelle époque post-Covid façonne depuis quelques mois de nouveaux sapeurs de moral, toujours plus anxiogènes et importuns, dont on a du mal à se débarrasser pour reprendre un semblant de vie normale. «Face à tant d’incertitudes et de peurs liées au Covid-19, le rabat-joie a enclenché la seconde sur l’autoroute du négativisme, ressassant et déversant à longueur de journée ses névroses, et plus largement tout ce qui ne va pas dans notre société contemporaine, confirme Emmanuelle de Boysson, romancière et coauteure, avec Claude-Henry du Bord, du livre Nous, les bons vivants : ras le bol des rabat-joie (Éditions du Rocher).

S’il a été le premier a tout s’interdire (à juste titre) dès le 17 mars, il est aussi celui qui passait un coup de fil à la gendarmerie pendant le confinement pour dénoncer un voisin dont il estimait les sorties journalières de son chien trop fréquentes à son goût, celui qui râle contre les joggeurs, celui qui se plaint des voisins qui écoutent de la musique… Ce sont des personnes qui ne cessent d’être dans la critique, surtout quand cela concerne les bons vivants, ces âmes « diaboliques » de la bonne humeur et de la spontanéité !» Mais si la crise sanitaire mondiale a exacerbé leur pouvoir de ruminer, celui-ci ne date pas de la dernière pluie.

Du négativisme pour éviter les dangers
«C’était mieux avant», «quelle perte de temps», «tu vois, je te l’avais bien dit», «arrête de rêver», «ça ne vaut pas la peine, on va être déçus», «ça va mal finir»… Ces punchlines minantes d’amis, parents ou collègues ont l’art et la manière de transformer des nouvelles positives en quelque chose de négatif. De gâcher en si peu de mots leur propre bonheur, mais aussi et surtout celui des autres. «Le rabat-joie voit davantage les problèmes dans son environnement, explique Yves-Alexandre Thalmann, psychologue et auteur des livres Les fabuleux pouvoirs de la psychologie positive (Éditions Jouvence) et du récent Faire changer les autres sans les manipuler (Éditions Jouvence). Il évolue au quotidien comme nos ancêtres très lointains, ceux qui survivaient dans une nature hostile et qui, pour faire face à d’éventuels prédateurs, privilégiaient le bruissement alarmiste d’une brindille à tout le reste.» Un obsessionnel de la prudence, donc.

À sa décharge, il ne faut pas oublier qu’à l’origine, le cerveau de l’homme n’est pas programmé pour le bonheur et le bien-être, mais bel et bien pour la survie immédiate. Comprendre : se nourrir et éviter les dangers.

Haro sur les petits plaisirs
Mais si on a tous en nous cet héritage, certains en sont tout simplement plus captifs que d’autres. En résumé, le rabat-joie se méfie de tout et de tout le monde, juge à tout-va sans se soucier des conséquences. Un comportement toxique qui a le don de hérisser le poil de la personne qui lui fait face, surtout celui de son pire ennemi : l’hédoniste. «Aujourd’hui, la morale et le politiquement correct sont partout», confirme Laurent Regairaz, alias l’humoriste franchouillard Jason Chicandier.

Élu roi des bons vivants pendant le confinement (ses sketchs vidéo de 45 secondes cumulent plus de 10 millions de vues sur YouTube) par sa communauté de 300 000 followers, il est depuis le 15 octobre sur la scène de la Comédie de Paris pour son dernier spectacle Un jour sans faim. «En 2020, tu ne peux plus manger une bonne côte de bœuf sans te faire incendier par les végans, oser servir un poulet du dimanche non bio sans attirer les foudres des néomilitants du bien-manger, ou même se faire une terrasse le midi sans être traité de fainéant. Depuis quelques années, on a l’impression que ces petits plaisirs, pourtant légaux, sont devenus les bêtes noires d’une société javellisée à la morale. Pourtant, c’est cet art de vivre à la française, cette exception culturelle du bien-vivre, qui raconte l’histoire de notre pays. Celle d’une époque où nos anciens vivaient comme ils l’entendaient, prenaient le temps de s’attabler pour discuter, d’échanger et même de se disputer au lieu de manger une salade de quinoa en tête à tête avec son téléphone.»

La solitude, facteur aggravant des personnalités ronchons ? C’est aussi ce que semble penser Emmanuelle de Boysson : «Du temps de nos grands-parents, l’année s’écoulait au rythme des réunions de famille, des mariages qui duraient trois jours et des banquets qui réunissaient tout le village. La disparition de ces traditions n’est pas anodine. On ne connaît plus les gens de son quartier, ni même parfois son voisin de palier. Et qui dit moins de mélange et de mixité, dit plus d’intolérances, d’aigreurs et de frustrations.»

Ce nouveau monde du tout-jugement, celui de l’opinion policée et sous contrôle, c’est aussi aux réseaux sociaux qu’on le doit. «La quête du nombre de likes est la première cause de l’hypocrisie absolue dans laquelle notre société est tombée, atteste Laurent Regairaz. Nous sommes de moins en moins nombreux à dire ce que l’on pense. Par peur du jugement ? Sûrement. Mais surtout par peur des représailles. Car dès que tu dis quelque chose qui n’est pas dans le bien-pensant normaté, tu te fais dézinguer en quelques minutes par des milliers d’inconnus. Reprenons l’exemple du viandard que je suis. Être fan de bidoche ne veut pas dire que je ne suis pas attentif à l’amélioration de la condition des animaux. Bien au contraire. Qu’il y ait des luttes, c’est évident. Mais n’oublions pas non plus les vrais combats, comme celui d’accepter les différences ou d’aspirer à un peu plus de liberté individuelle.»

Cultiver l’optimisme
En fait, on a tous en nous un (petit) côté rabat-joie qui se manifeste plus ou moins en fonction de son humeur du jour, de ses soucis ou de ses enjeux personnels. On le sait, voir la vie en rose H24 est une douce illusion, surtout lorsque l’on traverse une crise, comme celle du Coronavirus. «En période difficile, il est essentiel de travailler sur le développement de son optimiste, explique Yves-Alexandre Thalmann. Orienter son attention sur les bons côtés de la vie est un antidote miracle. Il s’agit avant tout d’un moyen de développer une plus grande concentration à ce qui arrive de bien, chaque jour, dans notre vie.» Croire aux vertus de l’optimisme et ne pas anticiper le malheur pour éviter de le vivre deux fois… Ou alors, se pencher sur le cas de celui qu’on appelle «le bon vivant», cette personne qui sait lâcher prise et prendre des risques en assumant pleinement, sans culpabilité. Sa leçon de morale au rabat-joie ? À renoncer à tous les plaisirs immédiats pour un potentiel plaisir futur, peut-être que je ne fais pas le bon choix.

Une question d’équilibre
Mais le rabat-joie que l’on montre du doigt – selon un indice de gravité qu’il revient à chacun de déterminer – a aussi (un peu) de bon. «Vivre au quotidien avec des angoisses demande beaucoup d’efforts au rabat-joie, analyse Emmanuelle de Boysson. Ce besoin d’anticiper les problèmes lui impose d’être exigeant et rigoureux envers lui-même. Résultat ? Il a cette faculté à abattre un travail incroyable, contrairement au jouisseur qui peut avoir un côté passif, et donc manquer parfois d’ambition.»

Une analyse que confirme Yves-Alexandre Thalmann : «Rabat-joie ou bon vivant, les deux ont quelque chose à nous dire. Il est essentiel de rappeler que le bonheur des relations ne réside pas dans le calme plat, l’absence de tensions, de conflits ou de complexité. Dans la vie, tout est toujours une question d’équilibre.»

Clémence Pouget
Source : https://madame.lefigaro.fr/bien-etre/psychologie-crise-covid-les-rabat-joie-vont-ils-dominer-le-monde-200920-182300

LES PROCHAINS ÉVÉNEMENTS OPTIMISTES

• Week-end des 3 – 4 octobre à L’Ecole de l’Optimisme (Suresnes) : séminaire « Relation à soi », pour découvrir les piliers de la Psychologie Positive.
Découvrir ses supers pouvoirs, identifier son alignement et son repère intérieur, apprécier l’estime de soi, jouer avec la couleur des émotions, rebondir face à l’échec et cultiver son intuition pour travailler sur la relation à soi au cours d’un week-end.
Inscription : ecole-de-loptimisme.fr/agenda-inscriptions/

• Vendredi 16 octobre à La Génétouze (Vendée) : conférence « Accompagner nos enfants vers l’optimisme« . Les optimistes de Vendée et l’Ogec de l’école du Sacré Cœur organisent une conférence « Accompagner nos enfants vers l’optimisme » animée par Séverine Huguenin : formatrice, accompagnatrice et conférencière en communication authentique adultes/parents – enfants/ados
Vendredi 16 octobre de 20h à 22h, salle Eden – Rue du Théâtre – 85190 La Génétouze
Inscription : lesoptimistesdevendee@gmail.com – Muriel Husson Josse : 06 84 91 60 53
Participation : 5 € par personne

• Les 3 et 4 décembre à Rennes, Village by CA, masterclass « Dopez votre confiance en période de crise avec l’optimisme managérial » co-animé par Jean-Philippe Ackermann et Florence Duchamp.
Jour 1 : Dirigeants, dopez votre confiance en période de crise avec l’optimisme managérial.
Cette formation s’adresse aux dirigeants, chefs d’entreprises, indépendants qui veulent savoir s’automotiver et améliorer leur confiance en période de crise par le prisme de l’optimisme.
Jour 2 : Dirigeants, motivez vos collaborateurs en période de crise, avec l’optimisme managérial.
Cette formation s’adresse aux dirigeants, chefs d’entreprises qui veulent motiver leurs collaborateurs grâce à l’optimisme et la méthode Belbin d’optimisation des équipes.
Inscrivez-vous ici (places limitées): https://viteinscrit.com/operation/1486-management-et-optimisme-dirigeants-restez-motives-et-confiants

• Les 15 et 16 décembre à Nice, Village by CA, masterclass « Dopez votre confiance en période de crise avec l’optimisme managérial » co-animé par Jean-Philippe Ackermann et Florence Duchamp.
Jour 1 : Dirigeants, dopez votre confiance en période de crise avec l’optimisme managérial.
Cette formation s’adresse aux dirigeants, chefs d’entreprises, indépendants qui veulent savoir s’automotiver et améliorer leur confiance en période de crise par le prisme de l’optimisme.
Jour 2 : Dirigeants, motivez vos collaborateurs en période de crise, avec l’optimisme managérial.
Cette formation s’adresse aux dirigeants, chefs d’entreprises qui veulent motiver leurs collaborateurs grâce à l’optimisme et la méthode Belbin d’optimisation des équipes.
Inscrivez-vous ici (places limitées): https://viteinscrit.com/operation/1495-management-et-optimisme-dirigeants-restez-motives-et-confiants