Pour le spécialiste mondial du bonheur, Ruut Veenhoven, nous irions de mieux en mieux. Même en France, lanterne rouge de l’optimisme en Europe, les conditions de notre bien-être ne seraient pas celles que nous croyons.

Comment va l’humanité ? De mal en pis, cela va de soi. Depuis que l’idée de progrès et les grandes idéologies collectives ne sont plus que de lointains souvenirs, c’est la réponse qui nous vient spontanément aux lèvres. Tel n’est pourtant pas l’avis du professeur Ruut Veenhoven. Depuis plus de trois décennies, avec son équipe, à l’université Erasmus de Rotterdam, ce sociologue compile les travaux scientifiques sur le bonheur. Il scrute les baromètres nationaux et internationaux, et diligente sa propre enquête, fondée sur des entretiens de terrain, dans plus de 130 pays.

Spécialiste reconnu de l’approche empirique du bonheur, il est convaincu que notre espèce n’a jamais eu meilleur moral. « Depuis les années 1970, les nations occidentales cherchent à évaluer la satisfaction de leurs citoyens, leur moral. Sur une échelle de là 10, on demande à chacun à quel point il est, ou non, satisfait de l’existence qu’il mène. On a ainsi découvert qu’une large majorité de gens se déclarent heureux, et le niveau moyen de réponses positives est en augmentation à travers le monde. »

Certes, concède Ruut Veenhoven, tout n’est pas – encore – pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais la balance serait infiniment plus positive que nous n’aimons à le croire. Il reste bien des nations enlisées dans la pauvreté et/ou les conflits – telles que le Togo ou le Burundi, ou encore l’Afghanistan -, qui ne dépassent guère une moyenne de 3 sur 10. Mais la tendance est à l’amélioration sur la plupart des continents. « Ce mouvement est lié à l’élévation du niveau de vie, excepté au Japon et aux Etats-Unis, où la satisfaction stagne depuis plusieurs décennies – ce que l’on appelle le paradoxe d’Easterlin [selon lequel une hausse du PIB ne se traduit pas nécessairement par une hausse du bien-être ressenti, NDLR]. Non seulement le niveau global de bonheur progresse, mais les inégalités entre individus tendent à diminuer, ce dont témoigne la baisse du nombre de réponses les plus basses. Ce niveau dépend très fortement du type de société dans lequel nous vivons et, bien sûr, de facteurs affectifs, émotionnels et de santé propres à chacun. »

Où trouve-t-on le cocktail gagnant pourvoir la vie en rose ? Dans des démocraties comme le Danemark, la Suisse – mais aussi le Costa Rica -, qui combinent conditions de vie confortables, libertés individuelles et climat de tolérance et de confiance mutuelle. Les scores moyens y dépassent 8,5 sur 10.

Mais quel crédit peut-on apporter à ces enquêtes déclaratives ? « Les réponses à une telle question sont, par nature, subjectives. Mais on constate que la note que s’attribue une personne correspond souvent à celle que lui donne l’un de ses proches lorsqu’on lui demande à quel point il pense cette personne heureuse, remarque Claudia Senik, professeure à l’École d’Économie de Paris. Et qui, mieux que les gens eux-mêmes, peut savoir s’ils sont heureux ? » Son confrère Andrew Clark, également chercheur à l’École d’Économie de Paris, souligne : « Les résultats sont cohérents. Les plus riches sont plus heureux -jusqu’à un certain niveau -, les personnes en couple le sont davantage que les célibataires, les bien-portants que les malades, etc. Les scores d’une personne permettent de prévoir si elle va divorcer ou quitter son emploi. C’est aussi un bon indicateur de l’espérance de vie. »

Mais si les Occidentaux, dans leur grande majorité, estiment que leur sort s’améliore, comment expliquer l’inquiétude, voire le catastrophisme ambiant, et les votes protestataires qui gagnent du terrain ? Ruut Veenhoven avance plusieurs facteurs: « Plus on est heureux, plus l’on se préoccupe de ce que l’on pourrait perdre… Dans les nations pauvres ou en guerre, les gens se disent : les choses pourront difficilement être pires et ils sont finalement plus optimistes que nous. » Le chercheur pointe également le rôle joué par les médias : « Dans nos pays où la presse est libre, les nouvelles portent surtout sur ce qui va mal. Les journaux, l’information remplissent leur mission : alerter de manière à améliorer la situation. Ils font progresser les démocraties, mais, en même temps, ils nous donnent une image déformée de la réalité. C’est là un effet secondaire indésirable. » Résultat: « La plupart des gens sont satisfaits de leur vie, mais s’imaginent qu’il n’en va pas de même pour les autres. Ce phénomène est plus marqué chez les seniors, qui représentent une proportion importante de la population en Europe. »

Arrêtons, plaide-t-il, de nous couvrir la tête de cendres : « Bien sûr, il existe de légitimes motifs d’inquiétude, notamment en ce qui concerne l’environnement. Mais n’oublions pas que les générations précédentes ont connu des guerres ou la menace de l’apocalypse nucléaire. Chacun de nous vit aujourd’hui un nombre d’années heureuses plus important qu’à tout autre époque de l’humanité. » Et force est de reconnaître que des indices concordant avec ses affirmations existent. Ainsi, le taux de suicide en Europe baisse depuis plus de vingt ans, un fait bien rarement commenté.

Nous autres Français sommes particulièrement sceptiques face au discours de ces marchands de vie en rose. Notre psyché cartésiano-sceptique serait, selon Claudia Senik, l’une des causes de notre inclination nationale pour le pessimisme. Notre score de 6,6 est en effet largement inférieur à ce qu’il devrait être, au vu notamment de notre niveau de richesse. Un mal-être hexagonal ancien: déjà, en 1973, avant même la première grande crise économique, nous ne dépassions pas les 6,2 sur l’échelle de Ruut Veenhoven. Cette énigme ne l’a évidemment pas laissé indifférent : « Il existe des causes psychologiques. En France, par exemple, l’organisation du système éducatif réduit le sentiment que chacun a de choisir sa vie. » Andrew Clark, lui, souligne: « Le poids du chômage reste en France bien plus élevé que dans les autres pays du G20. Or la privation d’emploi rend durablement malheureux, contrairement à un divorce ou un veuvage. »

Une récente étude de l’Observatoire français du Bien-Être met, elle, en exergue l’amertume de la grandeur déchue et une inquiétude hors norme du lendemain par rapport à nos voisins. Mais quid de la précarité grandissante, en France comme ailleurs ? Là encore, Ruut Veenhoven relativise : « De façon assez surprenante, dans les pays riches, le sentiment de bonheur dépend finalement assez peu de la place qu’on occupe sur l’échelle sociale et les effets de la précarité économique sont plus ou moins neutralisés. Remarquons d’ailleurs que certaines « garanties » sociales sont à double tranchant. Ainsi, au Japon, de nombreuses personnes souffrent d’occuper le même poste toute leur vie… »

Pour ce penseur libéral, le fer de lance du bonheur – dès lors que sont garantis certains droits et sécurités démocratiques -, c’est la possibilité de diriger sa propre existence. « Il existe un écart considérable entre ce que les gens considèrent comme étant les conditions nécessaires au bonheur, et ce qu’elles sont réellement. Nous sommes aujourd’hui bien plus libres qu’autrefois de choisir notre métier, de changer de compagne ou de compagnon, d’avoir ou non des enfants, d’adopter le mode d’existence qui nous plaît. » Ceux qui en bénéficient oublient parfois à quel point cela leur rend la vie agréable. »

Véronique Radier – Source : L’Obs du 16-08-2018

LES PROCHAINS ÉVÉNEMENTS OPTIMISTES 

Les Délégués et sympathisants de la Ligue des Optimistes de France organisent des nombreux événements auxquels ils vous invitent : animations, Dîners d’Optimistes et conférences. Réservez vos dates !

– 13 et 14 novembre à Paris : Salon du Management. Une rencontre inspirante, efficace, innovante, chaleureuse qui répond au souhait de nombreux managers de progresser, de s’ouvrir, de rencontrer des pairs et des personnalités inspirantes, de développer son plaisir à manager.
De nombreux exposants et conférenciers seront présents, et plus de 2000 visiteurs sont attendus : dirigeants, managers, DRH, prestataires… À cette occasion, Yves de Montbron animera le 14 novembre une conférence sur le thème « Optimisme et management » qui fera le lien entre l’attitude positive et la qualité du management.
Informations et inscriptions : http://lesalondumanagement.com

– 23 novembre : Dîner des Optimistes de Strasbourg sur le thème « Complémentarité & Gémellité » avec Catherine Connan (praticienne holistique) et Françoise Beillouet (musicothérapeute en cours de certification). Elles aborderont ce que leur lien de soeurs jumelles apporte dans leur travail en commun de thérapeute.
Informations et inscriptions : evenement/10eme-diner-des-optimistes-de-strasbourg/

– 28 novembre à Rennes : Soirée « Santé et Optimisme » avec plusieurs conférenciers exceptionnels qui nous parleront des liens entre Optimisme et Santé. La soirée se poursuivra par un buffet de qualité à volonté !
En savoir plus et réserver : evenement/soiree-sante-et-optimisme-a-rennes-le-28-novembre

– Dîner des Optimistes d’Alsace le 28 novembre sur le thème « Faut-il être optimiste pour affronter la page blanche ? » au restaurant Hippopotamus de Dorlisheim.
En savoir plus et réserver : diner-des-optimistes-delegation-alsace-le-28-novembre/

– 29 novembre au Colisée Roubaix : grande soirée des Optimistes Lillois
Les optimistes lillois organisent une soirée exceptionnelle à l’optimisme contagieux au bénéfice exclusif de la fondation AJIR Hauts de France, avec les jeunes impliqués pour réussir.
Florence Servan-Schreiber, Matthieu Leclercq, Damien Deleplanque, Frank Berton, Philippe Gabilliet et Frédéric Kochman sont des optimistes, incarnent l’optimisme, bénéficient de ses attraits, véhiculent ses effets, encensent ses bienfaits.
Ils viendront discuter, échanger, nous dévoiler ses finesses, nous expliciter sa vertu, développer l’optimiste qui sommeille en nous. Et tout cela pour la bonne cause !
Laissez-vous gagner par l’Optimisme.
La soirée se conclura par un cocktail afin que nous puissions, ensemble, partager notre optimisme.
En savoir plus et réserver : https://www.coliseeroubaix.com/421_la-soiree-des-optimistes-lillois.html

– 29 novembre – 1er décembre : l’Université du Bonheur Au Travail (UBAT) propose un nouveau parcours pédagogique alternant retour d’expériences, témoignages inspirants, jeux coopératifs et ateliers expérientiels. Trois journées de formation dédiées au Bonheur au Travail pendant lesquelles les participants passeront de l’intention à l’action pour se sentir pleinement acteurs du bonheur au travail dans leur organisation.
Cette formation en résidentiel se tiendra au sein du magnifique Campus Serge Kampf Les Fontaines à Chantilly, à 35 minutes de la Gare du Nord et 30 minutes de l’aéroport de Roissy.
Programme : http://ubatx.org/#programme

– 18 décembre : Lab’Optimiste « Les 5 points cardinaux de l’Entreprise Optimiste » à la Maison du Management, animé par Emmanuel Brunet-Rio.
Programme complet et inscription : laboptimiste-les-5-points-cardinaux-de-lentreprise-optimiste

Nos événements sont détaillés icihttps://www.liguedesoptimistes.fr/evenements/

Si vous aussi, vous souhaitez organiser un événement positif dans votre ville ou votre région, nous pouvons vous aider !
Contactez-nous à info@liguedesoptimistes.fr et faites-nous part de votre projet.
Nous vous enverrons gracieusement un guide pratique pour organiser, animer et réussir un Dîner des Optimistes, ainsi que des brochures et des petits cadeaux optimistes pour les participants.

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