Quoi de plus optimiste, à l’orée de l’année nouvelle, que de sacrifier une fois encore à la sympathique tradition des bonnes résolutions pour les 12 mois à venir ? Quel plus magnifique exemple d’un double optimisme de but (je vais changer en mieux) et de chemin (je saurai tenir ma résolution sur la durée). C’est alors que l’on décide, avec enthousiasme et détermination, d’enfin perdre ces quelques kilos en trop, d’arrêter de fumer, de respecter la règle quotidienne des 5 fruits et légumes, de s’inscrire à ce cours de fitness ou de guitare, de travailler moins afin de passer davantage de temps avec ses proches, de ranger son appartement, de renouer avec de vieux copains de fac, quand ce n’est pas un savant mélange de tous ces ingrédients, voire d’autres encore.

Une nouvelle année, c’est un espace de vie qui s’ouvre, une faille propice, un champ euphorique de nouveaux possibles. Et quoi de plus enthousiasmant que de prendre envers soi-même une série d’engagements positifs en vue de troquer une mauvaise habitude contre une bonne, d’améliorer son comportement et ses relations ou d’assainir son mode de vie pour l’année à venir ? Le tout motivé par un désir simple : être différent demain de ce qu’on est aujourd’hui, et bien sûr en mieux.

Mais les choses ne sont jamais aussi simples qu’on le croit. « Les bonnes résolutions, écrivait Oscar Wilde, sont des chèques tirés sur une banque où on n’a pas de compte courant ». Ce qui explique sans doute la grande difficulté qu’il y a à les tenir dans la durée, une fois passée l’euphorie de la fête et des serments de fin de soirée.

Une étude de Richard Wiseman, professeur de psychologie à l’université de Hertfordshire (U.K.), réalisée en 2007 auprès de 3.000 personnes, vient confirmer que 78% des bonnes résolutions du Nouvel An échouent, 22% seulement parvenant à se maintenir dans la durée et à aboutir à un changement positif pérenne.

Comment expliquer ce mécanisme ? L’optimisme n’excluant pas la lucidité, tentons de comprendre ce qui rend la plupart de ces bonnes résolutions si difficiles à tenir.

• La première difficulté est sans doute que l’on souvent trop de bonnes résolutions. « À quatre commence l’infini » affirmaient les philosophes grecs. D’où l’idée selon laquelle, si l’on veut éviter trop de déperdition, le nombre optimal pour des bonnes résolutions de début d’année doit être de préférence impair et inférieur à trois ! Oui, une seule, mais une vraie ! Cela permet de se focaliser sur l’essentiel et de limiter la dispersion sur des décisions qui, tout à fait valables prises isolément, risque de s’annuler dès lors que l’on cherche à les concilier : arrêter de fumer et perdre du poids, me remettre au sport et passer plus de temps à la maison, manger plus sainement et sortir davantage avec mes amis, etc.

• La deuxième difficulté est que les bonnes résolutions sont souvent prises « hors-sol », dans l’euphorie et l’enthousiasme du moment. On ne s’est pas posé la question de sa disponibilité concrète, de ses capacités, des ressources ou du temps nécessaire, etc. Rien de pire que de prendre trop rapidement des résolutions que notre contexte ou notre style actuel de vie rendront difficiles à mettre en œuvre, du fait de tel ou telle contrainte d’agenda, d’engagement autre, de projet professionnel ou personnel concurrent, de négociation avec un partenaire, etc.

• La troisième difficulté tient aussi dans le manque d’appuis et d’alliés au moment de la réalisation. Une bonne résolution a beau n’être qu’un micro-changement de vie, elle ne peut être maintenue dans la durée sans le soutien, voire la complicité de ces autres acteurs que sont les proches, qu’ils soient membres de la famille, amis, collègues, etc. D’où cette idée selon laquelle une bonne résolution, dans sa mise en pratique, mérite d’être en quelque sorte « négociée » avec son entourage, afin que tout le monde s’y retrouve.

• La quatrième difficulté, enfin, tient dans le manque d’organisation et de supports adaptés, sous prétexte qu’il ne s’agirait que d’un « tout petit » changement et que « quand on veut on peut » ! Or une bonne résolution est toujours un projet, à savoir un désir assorti d’une échéance ! Plus une habitude ancrée en nous doit être changée, plus il faudra raisonner en termes de plan d’action, de rappel régulier de l’objectif poursuivi, voire d’outils de suivi (pèse-personne, agenda, journal de bord, relevé bancaire, budget loisirs, feed-back des amis, etc.)

Mais il en faudrait bien davantage pour décourager tous les optimistes qui nous lisent en ce début 2018. Et les 25% de celles et ceux qui arrivent à tenir leurs bonnes résolutions ont des choses à nous apprendre. Afin de créer les conditions de la réussite, voici 4 questions qui vous aideront à aborder en optimiste résolu mais responsable vos résolutions 2018 :

– De quoi ai-je vraiment envie ?
« Il faut tenir à une résolution parce qu’elle est bonne, pas parce qu’on l’a prise ». Par ces mots, La Rochefoucauld nous rappelle combien il est essentiel que toute résolution soit avant tout la vôtre… et non celle de quelqu’un autre (pote, conjoint, enfants, collègues, norme sociale, etc.).

Il est des résolutions que l’on prend par envie, par plaisir, en anticipant déjà la satisfaction que l’on éprouvera – dans son corps et dans son esprit – une fois que l’objectif sera atteint.

Il en est qu’on prend par jeu, par bravade, sur un coup de tête, par esprit de compétition ou pour monter de quoi on est capable.

Il est d’autres résolutions en revanche que l’on prend surtout par devoir ou sous la pression, pour « faire plaisir » ou « avoir la paix », au choix ; d’autres auxquelles on s’accroche par nécessité, voire par contrainte.

D’où l’importance, face à des résolutions qui ne sont pas totalement les vôtres (même si elles sont en elles-mêmes bénéfiques), de rester à l’affût de tous les bénéfices possiblement liés à ce changement d’habitude ou d’attitude. Ce point étant éclairci, devient résolument « bonne » toute résolution que l’on prend en conscience et que l’on fera tout désormais… pour rendre bonne !

– Comment me créer un contexte favorable au changement ?
Il faut aussi admettre qu’une bonne résolution – aussi pertinente et désirable soit-elle – débouche souvent sur un bras de fer entre notre volonté et nos automatismes, les seconds étant souvent beaucoup plus ancrés que la première n’est entraînée.

Cela signifie-t-il que notre manque de volonté serait responsable du maintien de nos mauvaises habitudes ? Pas si simple. En fait, la psychologie de l’action nous enseigne que nos automatismes ne sauraient à eux seuls maintenir une mauvaise habitude… en l’absence d’un contexte favorable. Ainsi, quiconque prend une bonne résolution doit en priorité se demander comment mettre son contexte de son côté. Le contexte, c’est tout l’environnement mis au service de la bonne résolution :
– le décor dans lequel on vit,
– les décisions de structuration du temps que l’on inscrit dans son agenda,
– le plan d’action et de suivi des progrès, voire le journal de bord,
– les petites récompenses symboliques qu’on s’octroie pour s’encourager,
– les applis smartphone nous permettant de mesurer, piloter ou contrôler notre changement d’habitudes,
– sans oublier les engagements à changer – pris devant des supporters, ces tiers à l’estime de qui l’on tient tant – et à qui on aura demandé de nous rappeler en temps voulu notre engagement de changement.

– Comment passer à l’action pour « changer en faisant » ?
Prendre une bonne résolution, c’est décider de FAIRE différemment pour DEVENIR autre. Il n’existe rien d’autre que l’action. Bref, on change d’abord ses actes, puis les pensées suivront. Dans le fond, une bonne résolution est presque toujours déraisonnable, irréaliste ou prématurée. Et nul d’entre nous n’est jamais totalement prêt à changer une habitude ancrée en lui depuis des mois, des années voire des décennies. Mais ceux qui ont le plus de chances de ne jamais changer sont justement ceux qui attendent d’être totalement prêts, d’avoir rassemblé toutes les conditions favorables avant de larguer les amarres.

En fait, face à la réalisation d’une bonne résolution, deux chemins sont possibles. Cela peut « bien se passer » et la résolution se transformera alors en nouvelle bonne habitude. Mais cela peut aussi « mal se passer » et la bonne résolution rejoindra temporairement le cimetière des désirs non réalisés. Mais dans les deux cas de figures, il se « passera quelque chose » dont on saura quoi faire, et vous pourrez toujours vous en servir pour repartir sur un autre changement, voire sur une autre bonne résolution, sans qu’il soit pour autant nécessaire de patienter jusqu’à la prochaine Saint-Sylvestre.

– Et si je me donnais une deuxième chance ?
Oui, il faut parfois accepter de renégocier avec soi-même, surtout quand le résultat n’est pas au rendez-vous. Ne pas parvenir à ancrer une bonne résolution dans la durée, ce n’est pas échouer. C’est s’être donné un devoir, celui d’essayer quelque chose. L’objectif n’a pas été atteint ? Et alors ? Peut-être le temps n’était-il pas encore venu. Peut-être le contexte actuel n’était-il pas assez favorable. Peut-être ce changement a-t-il été vécu pas vos proches comme trop radical, voire risqué pour votre équilibre ou votre santé. Peut-être aviez-vous fixé la barre un peu trop haut. Peut-être la réalité vous a-t-elle remis sur les rails.

Prendre une bonne résolution en mode optimiste, c’est accepter d’expérimenter et de voir si cela nous convient ou pas. C’est capitaliser sur nos forces et nos ressources. C’est trouver des réponses parfois partielles et imparfaites mais qui fonctionneront, même temporairement. C’est accepter d’apprendre des choses nouvelles, en particulier celles qui nous ont manqué jusque-là. Une bonne résolution est presque toujours un mini-défi optimiste, à la fois adaptatif et créatif, qui nous conduit à développer un potentiel et des ressources encore inexploités d’organisation, d’imagination, de créativité et de volonté.

Bonne Année 2018 à toutes et à tous ! Et que votre optimisme illumine votre chemin et celui de toutes celles et ceux qui vous sont chers !

Philippe Gabilliet, porte-parole de la Ligue des Optimistes de France et professeur à ESCP Europe (Paris).
Pour aller plus loin :
Charles Duhigg, Le pouvoir des habitudes. Changer un rien pour tout changer, coll. Champs, Flammarion, 2016.
Philippe Gabilliet, L’art de changer de vie en 5 leçons, Saint-Simon, 2018.
Malcolm Gladwell, Le point de bascule. Comment faire une grande différence avec de très petites choses, coll. Champs, Flammarion, 2016.
Gretchen Rubin, Ma vie en mieux, Editions J’ai Lu, 2017.

 

PROCHAINS ÉVÉNEMENT OPTIMISTES :

– 3e Dîner des Optimistes à Neuf-Brisach le vendredi 2 février à 19h sur le thème « La Magie de l’Optimisme » avec le brillant jazzman Eric Roumestan au Restaurant Les Remparts
Participation (entrée, plat, dessert. Boisson non comprise) : 20 €
Réservation : 03 89 72 76 47
Cliquez ici pour en savoir plus : 3e-diner-optimistes-a-neuf-brisach-2-fevrier/

 

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