extreme-pauvrete-20151005-q-2_1_730_472« Aucun joumatiste ne sait plus ce qu’est une bonne nouvette » a déclaré un jour le dalaï-lama, fin connaisseur de l’univers des médias, où le catastrophisme fait recette. Où le malheur gonfle ventes et audiences. Où la noirceur fabrique les renommées et le misérabilisme forge les célébrités.
A propos de misère, la grande enquête annuelle menée par la Banque mondiale « Poverty and Shared Prosperity » (« Pauvreté et prospérité partagée ») apporte de bonnes nouvelles qui feront sûrement plaisir au sage tibétain, mais le conforteront aussi dans l’idée que les journalistes se complaisent dans le pessimisme.

En 2013, le nombre de personnes vivant en situation d’extrême pauvreté (revenu inférieur à 1,90 dollar par jour) a diminué de 114 millions, pour s’établir à 767 millions. Ce qui représente 10,7 % de la population mondiale, alors que cette proportion s’élevait à 37 % en 1990 et à 44% en 1981. En vingt ans, un peu plus de 1 milliard d’êtres humains sont sortis de la misère absolue. On chercherait en vain un journal ayant consacré sa « une » à cette nouvelle, l’une des plus enthousiasmantes que l’humanité ait jamais connues.

« Contrairement à une idée répandue, les inégalités dans le monde sont en recul constant depuis 1990 », note le rapport de la Banque mondiale, alors même que ces inégalités n’avaient pas cessé de se creuser depuis 1820 et la révolution industrielle.
Là encore, silence assourdissant des grands médias à propos de ce sujet pourtant hautement sensible. « Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit. » Cet adage de saint François de Sales, qu’on a plaisir, dans un bel esprit œcuménique, à citer après le dalaï-lama, explique sans doute en partie ce silence. En partie seulement.

Fin septembre, le cabinet d’études néerlandais Motivaction a publié les résultats d’un sondage international (réalisé en 15 langues auprès de 26.000 personnes dans 24 pays). Parmi les questions posées, celle-ci : « Selon vous, l’extrême pauvreté dans le monde a-t-elle reculé, est-elle restée stable ou a-t-elle augmenté depuis vingt ans ? »
Eh bien, 87 % des personnes interrogées (92 % des Français) ont répondu que la misère dans le monde avait augmenté ou était restée à un niveau stable au cours des vingt dernières années, alors qu’elle a diminué de plus de la moitié.
Pis, 1 % seulement des Français sondés ont su donner la bonne réponse.
Commentaire désabusé de Nicolas Vercken, directeur des études à Oxfam, une ONG peu suspecte de bienveillance excessive envers la mondialisation libérale : « La réduction de moitié de la pauvreté est l’un des sujets les plus méconnus dans l’Histoire contemporaine. »
Le décalage entre la réalité de la baisse de la pauvreté et la perception opposée a de quoi interpeller.

Pierre-Antoine Delhommais ; Le Point du 13 octobre 2016

Prochains Événements Optimistes :

Dîner des Optimistes le mercredi 9 novembre à Saint Raphael (Var)

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Participation : 38€ par personne
Inscriptions ici : http://optimistes-sud-est.fr/produit/diner-des-optimistes-mercredi-9-novembre-2016-a-18h30/

PS : Soutenez notre mouvement en adhérant à Ligue des Optimistes de France (cliquez ici pour voir comment faire)