Il s’appelait Roland.
Brillant.
Charismatique.
Je dirige alors l’entreprise familiale, dans une période où tout doit être reconstruit : la confiance, la cohésion, la motivation.
Autant dire que le climat est tendu.
Et c’est à ce moment précis que Roland entre en scène.
Il est censé nous aider à remonter la pente.
Même si tous les experts prédisent notre chute prochaine.
➡️ Comment reconnaître un manager toxique dans votre équipe (et avant qu’il ne soit trop tard)?
Sur le papier, Roland a donc tout pour plaire : compétent, impliqué, efficace.
Il connaît son métier comme personne, et je dois reconnaître qu’au début, je suis bluffé.
D’autant que… euh… c’est avec moi qu’il a passé le dernier entretien d’embauche.
Sur le moment, je me dis : bien joué l’artiste, on a trouvé l’oiseau rare !
Bref, un profil solide, un discours carré et une vraie maîtrise technique.
Mais peu à peu, quelque chose déraille.
Je le remarque dans le regard de mes collaborateurs et dans certaines confidences qu’ils me font à voix basse.
De fait, les visages se ferment quand Roland entre dans la pièce, les discussions s’arrêtent net.
Et pourtant, il n’a rien fait de “grave”.
Rien de visible, en tout cas.
C’est là que je commence à comprendre : Roland ne casse jamais les choses… il casse les gens.
➡️ Les signes concrets du management destructeur au quotidien
Roland ne critique pas le travail, il critique les personnes.
Avec des mots tranchants, des piques anodines en apparence, mais qui finissent par user, ronger, épuiser.
Et il fait ça avec une telle dextérité que personne n’ose lui répondre.
Un vrai footballeur de la manipulation, dribblant les émotions et marquant des buts… dans le moral des autres.
Il recadre ses collaborateurs devant tout le monde, rabaisse les plus timides, corrige tout le monde sauf lui-même, et surtout , le pire, il recommence derrière leur dos.
Toujours avec un petit sourire en coin, façon “je ne fais que dire la vérité”.
Résultat : l’équipe s’éteint, les talents s’éloignent, et l’ambiance devient irrespirable.
Ce n’est plus une entreprise, c’est une tranchée.
Or, à l’époque, nous n’avons pas besoin de ça.
Vraiment pas besoin.
Si bien que le précipice se rapproche de plus en plus.
➡️ Manager toxique : les vraies raisons cachées derrière ce comportement
Soudain, un jour, tout s’éclaire.
Car j’ai découvert le pot aux roses.
Roland ne fait pas ça par maladresse, mais par stratégie.
Son objectif n’est pas de faire grandir l’équipe, mais de briller lui-même. Et toujours plus.
En réalité, il cherche, depuis des mois, à se faire repérer puis embaucher par un groupe concurrent.
Alors, pour se valoriser, il rabaisse les autres.
Pour paraître indispensable, il entretient les tensions.
Pour exister, il abîme tout ce qui pourrait briller autour de lui.
Et là, je prends en pleine figure ce que je n’avais pas su voir : le talent sans loyauté devient un danger.
➡️ Comment réagir face à un manager toxique sans tout casser ?
Ainsi, je me retrouve face à un dilemme :
Roland est techniquement excellent, mais humainement, il détruit l’énergie collective.
Dès lors, deux choix s’offrent à moi :
- Fermer les yeux et laisser la démotivation se propager.
- Affronter le problème, quoi qu’il nous en coûte.
Je choisis la seconde option.
Pas par agressivité, mais parce que l’optimisme opérationnel me l’a enseigné : on affronte les faits, pas les émotions.
➡️ Les solutions concrètes pour neutraliser la toxicité managériale
Licencier Roland ?
Trop facile.
D’ailleurs, peut-être n’attend-il que ça … finalement !
Alors je décide de changer le terrain de jeu : plutôt que de le combattre, nous allons renforcer ceux qu’il affaiblit.
C’est pourquoi, j’invite chaque collaborateur à exprimer publiquement ses difficultés, sans peur d’être jugé.
Aussi, nous tenons des réunions où chacun peut exprimer son ressenti.
Et apporter ses solutions.
Peu à peu, le collectif prend confiance, grandit et s’affirme autour de Roland.
Jusqu’à ce que sa toxicité… n’ait plus de public.
Et là, magie du réel et de notre politique managériale, Roland perd de l’influence.
Il continue à critiquer, bien sûr, mais plus personne ne l’écoute.
Or un tyran sans public, c’est juste un homme qui parle tout seul.
3 clés pour ne plus vous laisser embarquer par un manager toxique
De cette histoire vécue, retenez ceci :
👉 Un manager toxique ne disparaît jamais par hasard.
Il faut du courage pour le voir, et encore plus pour agir.👉 La vraie solution n’est pas toujours la sanction.
Parfois, c’est le renforcement du collectif qui assèche le pouvoir du toxique.👉 Et surtout : ne confondez jamais compétence et contribution.
Un manager peut savoir faire, sans savoir fédérer.Et ça, à long terme, coûte bien plus cher.
➡️ Managers : vous êtes (souvent) aimés, même si personne ne vous le dit !
Lors de mes conférences, j’ai le privilège de rencontrer chaque année des milliers de collaborateurs et leurs managers.
Or, à chaque fois, j’entends la même chose, souvent dite spontanément :
« Franchement, moi, j’aime bien mon manager. Il est exigeant, oui, mais juste. On sait qu’il se bat pour nous. »
Et ça, croyez-moi, ça fait du bien à entendre 😄
Parce qu’à force de pointer les managers “toxiques”, on oublie les milliers d’autres, ceux qui se lèvent chaque matin pour accompagner, décider, protéger, encourager.
D’ailleurs, je publie souvent sur LinkedIn sur ce sujet.
Ce qui me vaut des commentaires et messages privés souvent bouleversants.
Alors oui, il y a des managers toxiques.
Roland en était l’illustration.
Tout comme il existe des collaborateurs toxiques.
Désolé de le rappeler… mais c’est vrai !
Au demeurant, je ne manque pas d’anecdotes sur ce sujet… bref… passons. 😉
Mais il y a surtout une majorité de managers compétents, engagés, souvent passionnés, dont la mission difficile, ingrate parfois, permet à toute l’entreprise d’avancer.
Merci donc pour l’ensemble de votre œuvre.
Vous êtes les piliers invisibles qui tiennent la baraque quand tout vacille.
Finalement, qu’aurions-nous fait sans vous ?
Jamais l’entreprise n’aurait pu être sauvée.
Pourtant… elle l’a été.
Comment l’oublier ?
➡️En conclusion :
Si, vous rencontrez un Roland… n’attendez pas qu’il change.
Faites changer l’écosystème autour de lui.
Et votre équipe retrouvera vite son oxygène.
Jean-Luc HUDRY
Conférencier en Optimisme Opérationnel
Auteur publié : dont L’optimisme opérationnel au travail (DUNOD)
Influenceur LinkedIn
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Article magnifique que je m’empresse de partager
Merci beaucoup Jérôme, apprécie, le commentaire et le partage !
Jean-Luc
Merci pour cet article Jean-Luc. La difficulté avec les comportements toxiques c’est le temps que met la direction à s’en rendre compte. Et comme souvent, elle n’a pas les bonnes clés pour gérer la situation, elle-même ayant des pressions par une instance supérieure, des actionnaires, ou simplement un plan de carrière personnelle, on évite le problème, en mutant le manager « difficile » dans une autre équipe, contaminant l’entreprise au lieu de la soigner. C’est là je pense que le courage managérial doit se mettre en oeuvre, avec conscience, fermeté et soin pour l’équipe mal traitée.
Il est difficile de tirer une règle générale tant les organisations et structures sont différentes.
Le point important, dans cet article, est la solution inhabituelle que nous avons miss en place pour éloigner l’importun.
Elle a fonctionné au-delà de toute espérance.
Et nos équipes en ont été soulagées.
Rappelons, aussi, qu’il y a une majorité de managers dévoués et compétents…
Ils n’ont pas la tâche facile : leur rendre hommage est de bonne intelligence, me semble-t-il.
Merci pour ton intéressante contribution, Carole. 🙏
Jean-Luc
Superbe article qui me rappelle certaines rencontres professionnelles ! En particulier certains dirigeants qui se croyaient supérieurs au personnel d’exécution.
On ne supprimera jamais les vanités humaines.
Mais on peut les atténuer.
Merci pour ton agréable commentaire, Philippe 🙏
Jean-Luc
Un article qui parlera à beaucoup ! 😉 J’ai aussi beaucoup aimé la dernière partie, celle où tu mets à l’honneur ces managers qui, eux, ne le sont pas, toxiques. 😊👍
Absolument, Nathalie.
On ne parle que des managers toxiques.
Or, lors des conférences, je ne compte plus le nombre de collaborateurs qui me disent… aimer leur manager.
Voir – aussi -ce qui fonctionne ! 😊
Merci Nathalie.
Jean-Luc
Belle synthèse, merci Jean-Luc
Après 38 ans dans de grandes multinationales j’en ai vu passer pas mal des « faux managers » toxiques…
Merci de ces clés pour bien réagir si on y est confronté, en oubliant pas qu’en équipe le meilleur chemin est de faire réussir les autres pour réussir soi même
Roland était l’archétype du manager toxique. Surpris au départ, nous avons appris à gérer ce genre de personnages, d’où les clés concrètes délivées dans cet article.
Elles ont été appliquées avec succès sur le terrain
À utiliser sans modération… au cas où ! 😊
Jean-Luc
Merci Jean Luc de nous partager ce management toxique…ça sent le vécu !
Merci , Yann, pour ton agréable commentaire. Euh… oui, comme tu dis, cette anecdote est bien réelle.