Claudia Senik, directrice de l’Observatoire du bien-être, revient sur ce que les enquêtes confirment année après année : un déficit de bonheur chez les Français.
Propos recueillis par Anne Chemin (Le Monde) en mars 2021. 

Autrice de « L’Economie du bonheur » (Seuil, 2014) et professeure à l’université Paris-Sorbonne et à l’Ecole d’économie de Paris (PSE), Claudia Senik dirige l’Observatoire du bien-être du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap). Créé il y a quatre ans, cet organisme étudie l’évolution du « bien-être » au fil du temps, sa variation en fonction de l’âge, du genre, de la stratification sociale ou du contexte politique, économique et social, mais aussi sa relation avec les politiques publiques.
En mars, l’Observatoire a publié son rapport 2020 sur le bien-être en France, sous la direction de Mathieu Perona et Claudia Senik (Cepremap, 163 pages, disponible ici : http://www.cepremap.fr/depot/2021/01/Le-Bien-etre-en-France-–-Rapport-2020.pdf).

– Comment définir le bien-être et mesurer de manière objective ce sentiment qui relève, par définition, du ressenti ?
– C’est justement l’ambition de notre projet : objectiver le subjectif. Quantifier les dimensions du bien-être, les « Big Four » par exemple satisfaction dans la vie, émotions de bonheur, émotions d’anxiété et sentiment que notre vie a un sens. Il s’agit de questions que l’on trouve dans les grandes enquêtes nationales et internationales, et sur lesquelles la recherche s’est appuyée depuis une vingtaine d’années. Alors que c’est en France qu’a été élaboré, en 2009, le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi à partir duquel s’est diffusée l’injonction de prendre en compte le bien-être et la soutenabilité environnementale et non plus uniquement la croissance économique, notre pays est en retard sur le recueil de ces mesures dites « subjectives » et leur utilisation.

Pour relever ce défi, l’Observatoire du bien-être du Cepremap, en partenariat avec l’Insee, a mis en place, en 2016, une enquête trimestrielle qui explore vingt facettes du bien-être des Français. Les résultats montrent à quel point les différentes composantes de la satisfaction fluctuent au gré de l’actualité du pays. Le bien-être était au plus bas en décembre 2018, marqué par la crise des « gilets jaunes » : il régnait un fort pessimisme concernant l’avenir et les perspectives économiques, ainsi qu’un sentiment d’exposition à l’agression. Aujourd’hui, la crise due au Covid-19 met en lumière l’importance des relations sociales dans le bien-être – on observe un boom de la satisfaction au moment du premier déconfinement, en juin 2020, et une rechute au plus bas, en décembre 2020, avec le reconfinement et le couvre-feu.

– Dans « L’Économie du bonheur », vous constatiez l’existence d’un « paradoxe » français : à conditions de vie égales – éducation, santé, chômage, revenu par tête, espérance de vie – , les Français se déclaraient nettement moins heureux que les autres Européens. Est-ce toujours le cas en 2020 ?

– Oui, malheureusement si j’ose dire , les enquêtes confirment, année après année, ce déficit de bonheur français. Les Français sont particulièrement insatisfaits et pessimistes concernant leur vie et celle de leur pays. On peut cependant ajouter une note d’espoir : la satisfaction des Français est sensible au contexte politique et économique du pays. La dernière élection présidentielle a ainsi coïncidé avec un sursaut d’optimisme général, notamment dans les perspectives offertes aux prochaines générations. À l’inverse, bien entendu, le prolongement de la crise du Covid-19 commence à créer un sentiment d’usure et de mal-être. Ces fluctuations montrent que le pessimisme n’est pas une fatalité.

– Comment expliquer ce « déficit » de bonheur français, qui n’est pas lié à un pessimisme culturel que l’on observerait sur une longue durée : dans les années 1950 et 1960, les Français se montraient nettement plus optimistes quant à l’avenir de leur pays. Est-ce le signe, comme vous en faites l’hypothèse, de la crise d’une « société de statut » ou des angoisses, face à la mondialisation, d’une société qui attend beaucoup de l’État ?

– Tout cela à la fois. Il est angoissant pour les Français de constater que l’État est de plus en plus impuissant à réguler les phénomènes économiques qui affectent leur travail et leur vie, mais qui dépassent désormais l’échelle nationale. Concernant la société de statut, on touche effectivement à la question du modèle de société : la France reste dans une position inconfortable, au milieu du gué. Elle est engagée à moitié et avec réticence dans la transformation de son modèle social, étatique et très centralisé, en un système plus concurrentiel, plus décentralisé, plus ouvert sur le monde. Les contradictions sont parfois visibles : dans les universités, par exemple, on voit se succéder des mesures de décentralisation et d’autonomisation en même temps qu’un grand jeu de Meccano où l’État les contraint à se regrouper en conglomérats pour exister face à la concurrence internationale, ce qui, au final, ajoute une strate de gouvernance supplémentaire aux couches précédentes.

L’une des questions de notre enquête est révélatrice : interrogés sur la période où ils aimeraient vivre, les Français préfèrent massivement le présent ou le passé à l’avenir. Moins de 5 % des personnes interrogées aimeraient vivre dans une période future, même parmi les jeunes, et cette proportion décline depuis 2018. La nostalgie du passé traduit bien entendu le regret des années de jeunesse – beaucoup choisissent la décennie de leurs 20 ans –, mais ce qui est frappant, c’est l’image très positive des années 1980. Cette période recueille les suffrages des Français de tous âges, même des moins de 35 ans qui ne l’ont pas connue directement. Est-ce parce qu’il s’agit d’une période antérieure à la mondialisation et à la révolution technologique ? Je crois qu’en réalité la nostalgie des Français est protéiforme, et que plusieurs périodes de leur passé sont idéalisées.

– Le rapport 2020 de l’Observatoire montre que le confinement a suscité des sentiments contrastés une grande satisfaction chez les uns, une souffrance chez les autres. Quels sont les facteurs qui expliquent ces variations ?

– La ligne de partage recoupe les inégalités sociales habituelles. Pour ceux qui ont pratiqué le télétravail dans des espaces suffisants et sans enfants en bas âge, le confinement a été vécu comme une parenthèse comportant des avantages –  le charme de l’exceptionnel, moins de temps dans les transports, plus de contrôle sur l’usage de son temps. Pour ceux qui étaient en revanche en « première ligne » face au risque de l’épidémie, dans les services et les commerces encore ouverts, il en est allé très différemment.

– Le rapport 2020 consacre un chapitre au bien-être dans le monde du travail. Si les Français déclarent plus souvent que les autres Européens que le travail occupe une place « importante » dans leur vie, ils se montrent souvent plus insatisfaits que leurs voisins. Quels sont les facteurs qui engendrent, en France, de la souffrance au travail ?

– Cette insatisfaction comporte plusieurs facettes. La première est un problème de pouvoir d’achat : au sein des 32 pays de l’enquête européenne sur les conditions de travail, ce sont les Français qui estiment, en moyenne, être le moins bien payés au regard du travail qu’ils fournissent, soit près d’un Français sur deux. Ensuite, l’adage « le travail, c’est la santé » ne s’applique pas en France : un tiers des répondants déclarent que leur travail affecte négativement leur santé –  56 % des répondants Français pensent d’ailleurs être capables d’exercer leur travail actuel jusqu’à leurs 60 ans, c’est la plus faible proportion au niveau européen. Enfin, les Français, surtout les cadres, estiment que leur travail empiète trop sur leur vie personnelle.

Mais la pierre d’achoppement semble se situer au niveau de l’organisation et du management : trois enquêtés sur cinq pensent ne pas avoir de possibilité de promotion dans leur entreprise, près de la moitié ont l’impression que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur par leur employeur, et un cinquième des ouvriers n’a pas l’occasion d’appliquer ses compétences. Au total, la France obtient l’un des scores les plus faibles à la question de la motivation des salariés par leur organisation.

– Votre enquête montre que, pendant la crise due au Covid-19, les Français se sont montrés nettement plus critiques envers leur gouvernement que ne l’étaient les Allemands ou les Britanniques. Est-ce, selon vous, un nouveau signe de ce que vous appelez la « maladie démocratique française » , qui entraîne une très forte défiance à l’égard du monde politique ?

– La France comme « société de défiance » est un phénomène bien connu. Certes, la crise de confiance vis-à-vis des élites autorisées n’est pas propre à notre pays, mais cette envie de retenir le pouvoir pour un éventuel « troisième tour social » y est particulièrement vive. La pandémie, et cela constitue une contradiction supplémentaire, a pourtant accru la demande d’État et de grands services publics. Finalement, en France, la relation à l’État est une relation d’amour-haine : on en attend énormément et on est d’autant plus facilement déçu et critique.

Source : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/03/claudia-senik-la-crise-due-au-covid-19-commence-a-creer-un-sentiment-d-usure-et-de-mal-etre_6071752_3232.html

ÉVÉNEMENTS ET MANIFESTATIONS POSITIVES

• Samedi 13 novembre à 17h à St Jean de Monts (Vendée) : conférence optimiste.
Dans le cadre du Salon Atlantique Zen qui se tiendra du 12 au 14 novembre à Saint Jean de Monts en Vendée, Yves de Montbron, Secrétaire et conférencier de la Ligue des Optimistes de France, animera une conférence publique intitulée « La force de l’optimisme ; comment vivre du côté positif ? » le samedi 13 novembre à 17h.

L’optimisme moderne est le contraire de la naïveté candide avec laquelle on le confond parfois. Il est à la fois une façon de se projeter dans l’avenir, d’interpréter les événements de la vie et de décider en situation d’incertitude. L’optimisme est une attitude mentale positive exigeante, qui possède ses propres règles qu’il faut apprendre à connaître et à utiliser pour en tirer le meilleur profit.
Durant cette intervention riche et illustrée, Yves de Montbron nous invite à redécouvrir l’optimisme, cette merveilleuse faculté présente en chacun de nous, à en comprendre la nature réelle ainsi que ses règles d’application.
L’objectif de cette animation : réactiver l’optimisme de façon efficace et durable dans nos existences, pour vivre avec plus d’enthousiasme et de plaisir.

Alors, venez à cette conférence ouverte à tous, dans le grand amphi du Palais des Congrès Odysséa (390 places), et incluse dans le prix d’entrée au salon Atlantique Zen (3 € seulement).
Présentation de la conférence en vidéo : youtu.be/gIagXikG4GA
Présentation du Salon Atlantique Zen : atlantiquezen.fr

• Mercredi 24 novembre de 19h00 à 22h00 à Orléans : dîner des Optimistes
Corinne Laborie vous propose une soirée optimiste et enthousiaste autour du thème « Le nerf vague »
Nous découvrirons ce nerf, le plus long du corps, qui relie le cerveau à une multitude d’organes et influe sur notre niveau de bonheur.
Stimuler notre nerf vague c’est ressentir plus d’émotions positives, être plus heureux et diffuser notre optimisme !
Audrey et Julien, « chasseurs de stress », de Stress-Eureka-Coaching, vous expliqueront comment votre alarme intérieure se déclenche et comment se reconnecter à vous-même, à votre confiance, à votre sécurité.
Autour d’un repas, nous apprendrons à stimuler notre nerf vague, à ressentir plus d’émotions positives, à être plus heureux et à diffuser plus d’optimisme !
Participation à la soirée : 28 euros
Lien pour s’inscrire : https://www.billetweb.fr/diner-des-optimistes3

• Vendredi 26 novembre à 19h30 à Bazas (près de Bordeaux) : conférence optimiste.
Yves de Montbron, secrétaire de la Ligue des Optimistes de France, animera une conférence intitulée « La force de l’optimisme ; comment vivre du côté positif ? » le vendredi 26 novembre à 19h30 à Bazas (Gironde).

L’optimisme moderne est le contraire de la naïveté candide avec laquelle on le confond parfois. Il est à la fois une façon de se projeter dans l’avenir, d’interpréter les événements de la vie et de décider en situation d’incertitude. L’optimisme est une attitude mentale positive exigeante, qui possède ses propres règles qu’il faut apprendre à connaître et à utiliser pour en tirer le meilleur profit.
Durant cette intervention riche et illustrée, Yves de Montbron nous invite à redécouvrir l’optimisme, cette merveilleuse faculté présente en chacun de nous, à en comprendre la nature réelle ainsi que ses règles d’application.
L’objectif de cette animation : réactiver l’optimisme de façon efficace et durable dans nos existences, pour vivre avec plus d’enthousiasme et de plaisir.

Alors, participez à cette conférence gratuite et ouverte à tous, à la Médiathèque du Polyèdre, 17 esplanade Saint Sauveur, 33430 Bazas
Présentation de la conférence : https://www.lepolyedre.net/cms/articleview/id_profil/77/id/298
Inscription sur le site ou sur simple appel au 05 56 65 12 46, du mardi au samedi.

• Mardi 30 novembre à Aix-en-Provence : conférence de Philippe Gabilliet « L’optimisme, une énergie d’audace vers 2022 ! »

À l’heure où la morosité, le scepticisme, le cynisme et le renoncement n’en finissent plus d’alimenter la une des médias, il devient urgent de remettre à l’ordre du jour l’antidote n° 1 à tous les désespoirs : l’optimisme. Que l’on parle ici de l’optimisme d’humeur ou de l’optimisme de volonté, les chercheurs en sciences humaines ont depuis longtemps démontré l’impact de cette attitude mentale sur notre énergie vitale, notre goût de vivre, notre santé et notre longévité, notre relation aux autres et notre capacité à atteindre nos objectifs personnels et professionnels.

À l’issue de cette conférence, les participants seront en mesure d’appréhender les mécanismes de l’attitude optimiste ainsi que son impact dans les relations de travail, ils auront mieux compris comment articuler optimisme et pessimisme dans des situations réelles et ils disposeront de cinq stratégies permettant de développer un état d’esprit d’optimisme opérationnel dans leur entourage, qu’il soit professionnel ou personnel.

Professeur-associé à ESCP Business School, Philippe Gabilliet est co-fondateur et porte-parole de la Ligue des Optimistes de France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur ses thèmes de prédilection dont Éloge de l’Optimisme (2010, 2018), Éloge de la Chance (2012), Éloge de l’Audace (2015) et Éloge de l’inattendu (2021), tous parus aux éditions Saint-Simon.

Rendez-vous mardi 30 novembre de 19h à 21h à Thecamp, rue Denis Papin, 13100 Aix-en-Provence
Entrée 15 €
Réservation : https://www.billetweb.fr/conference-fulgurances-avec-philippe-gabilliet-l-optimisme-une-energie-d-audace-pour-2022

• Vendredi 3 décembre de 11h30 à 12h15 : webinaire « L’optimisme, une énergie d’audace pour temps de changement ! » 

Conférence animée par Philippe Gabilliet, Professeur à ESP Europe et Pascal Pagès, Ingénieur d’affaires ESCP Business School.

Regarder le monde en optimiste, c’est anticiper la possibilité du meilleur, dans les périodes complexes et c’est croire dans le pouvoir de la volonté et de l’audace sur les événements.
Il est urgent, à l’heure de nouvelles frilosités et des nouveaux conformismes, de redonner à l’audace la place qu’elle mérite. Dans le monde de plus en plus normé qui est le nôtre, l’heure est venue de tenter de rebondir afin de nourrir notre audace de vivre et nous préparer aux inattendus de « l’après ».

Philippe Gabilliet nous propose 5 pistes de réflexion issues de la psychologie positive :
1. Comment se centrer sur nos points forts,
2. Parier sur les possibles cachés (et donc à découvrir), surtout quand tout apparaît impossible,
3. Revendiquer en toutes circonstances la puissance de l’imperfection créative,
4. Rester individuellement et collectivement disponibles à l’imprévu et à ses opportunités potentielles,
5. Donner aux autres le droit à l’audace en les aidant à défier leurs propres zones de confort.

Inscription gratuite sur https://webikeo.fr/webinar/l-optimisme-une-energie-d-audace-pour-temps-de-changement-30

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