Jean d’Ormesson. 1925 – 2017

« In memoriam subridentis » (en mémoire de celui qui sourit), voici l’épitaphe qui pourrait figurer sur la sépulture de Jean d’Ormesson (1925 – 2017), l’un des fondateurs emblématiques de notre mouvement, la Ligue des Optimistes de France, à qui nous voulons rendre hommage aujourd’hui.

Leçon d’optimisme pour aujourd’hui (interview Le Point)
– Le Point : Les gens de droite sont souvent pessimistes ; ils ne sont pas loin de penser que le pire est toujours certain. Vous semblez être au contraire un incurable optimiste.

– Jean d’Ormesson : Il est vrai que le progrès est une idée de gauche née avec les Lumières : Voltaire, Diderot… Le mot qui revient le plus souvent chez Hugo est « aurore » ; Marx parle des lendemains qui chantent. Mes arrière-grands-parents se méfiaient du progrès. Aujourd’hui ce n’est plus une idée de gauche. Les écologistes et les Verts s’en méfient. Moi, j’y crois encore.
On parle beaucoup de la violence, notamment dans les médias. Or celle-ci est moins forte que jadis. La dernière guerre a fait 100 millions de morts, en comptant les goulags et les camps de concentration. Certaines études ont montré que, proportionnellement à la population, les guerres de Trente Ans, Cent Ans, et peut-être même celle du Péloponnèse, ont été infiniment plus meurtrières. Dans le siècle de Périclès, qui nous paraît comme le printemps de l’humanité avec Sophocle, Eschyle, tous ces génies, Athènes était assiégée par Sparte et a fini par tomber.

– N’est-ce pas cette mémoire longue qui nous fait défaut ?
– Jean d’O : Deux choses nous font défaut et elles sont peut-être liées. D’une part la mémoire longue, car nous oublions l’Histoire, d’autre part l’espérance en l’avenir. C’est incroyable comme nous n’espérons plus rien, notamment en France. Des études ont montré que les Français étaient plus pessimistes que les Afghans et les Irakiens. Il faut réapprendre à se souvenir du passé et à espérer en l’avenir.

– Plutôt que l’écrivain du bonheur, ne seriez-vous pas celui de l’espérance?
– Jean d’O : Un jour, à la télévision, j’ai dit sous les ricanements de tout le monde que j’étais un mélancolique gai. Il est vrai qu’à côté de cette mélancolie, une de mes caractéristiques est l’espérance. Derrière cette espérance, il y a peut-être quelque chose en quoi je crois beaucoup, l’amour. Il est très difficile de parler de l’amour. Il a été tellement mis à toutes les sauces dans les romans, les chansons, les pièces de théâtre, au cinéma, que nous finissons par nous dire que nous ne pouvons plus en parler. Mais l’amour est tout de même quelque chose d’extraordinaire, le ciment du monde. La dernière phrase de « La divine comédie » est fantastique : « L’amour qui meut le soleil et les autres étoiles. »
Dante avait déjà prévu l’attraction de Newton. L’attraction est une sorte d’amour, les quatre forces de la physique sont une sorte d’amour. Le monde tient par une gravitation, par un système réglé tellement étroitement que, si vous changez un degré, un millimètre, tout s’écroule. Il est très difficile de penser que le hasard est le seul à avoir créé cet équilibre si précieux, si ajusté. Il y a là quelque chose qui ressemble à l’amour. L’amour physique est peut-être à cet amour cosmique ce qu’est le temps à l’éternité.
Il y a un peu d’éternité dans le temps qui passe. Nous retrouvons la formule fameuse de Platon: « Le temps est l’image mobile de l’éternité. »
Cette éternité, cette force qui tient les choses ensemble, ce qui jette les gens les uns vers les autres, ce qui fait tourner les étoiles, c’est quand même quelque chose qui ressemble à l’amour.
Propos recueillis par Sébastien Le Fol, Le Point du 20 février 2014

« La vie est une vallée de larmes ; elle est aussi une vallée de roses »
Vous pouvez revoir le témoignage vidéo de Jean d’Ormesson que nous avions publié en mars 2016 :
http://www.liguedesoptimistes.fr/2016/03/06/la-vie-est-une-vallee-de-larmes-et-une-vallee-de-roses/

Des mots, des phrases, des souvenirs …
« Je suis très porté à l’optimisme, j’irais même plus loin en disant que je suis très porté au cynisme, mais j’ai compris assez vite que vouloir être heureux seul est une impossibilité. On ne peut pas être heureux quand les autres sont trop malheureux. » (Avant-garde de l’Optimisme)

« Je suis un égoïste qui supporte difficilement que les autres soient malheureux, voilà pourquoi j’essaie en effet, moi qui suis tout pour le dégagement, de m’engager pour les plus pauvres et pour les plus malheureux » (Avant-garde de l’Optimisme)

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants » (Citation publique)

Thierry Saussez et Jean d’Ormesson

Témoignage
« J’ai connu tant de gens dans ma vie. Des petits, des grands, des brillants, des exceptionnels, des attachants, des mesquins…
Mais je n’ai connu qu’un seul homme comme Jean d’Ormesson. À ce niveau de profondeur simple, de grandeur souriante, de style sans emphase.
Il me disait souvent qu’il n’était pas tellement optimiste mais surtout gai. Je lui répondais toujours que l’optimisme commençait par là.
Nul doute que là-haut, tout le paradis est déjà sous le charme.
Vous nous manquez déjà tellement, Monsieur. »
Thierry Saussez,
Vice-président exécutif de la Ligue des Optimistes de France

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