Very Good Trip musiques alternatives sur France Inter

L’émission, par son appellation, sonne comme une mission positive.

Very Good Trip, musiques alternatives sur France Inter

Michka Assayas a le rire de l’enfance. Je l’ai repéré une première fois lors du salon du livre de Paris, sur un enregistrement radio, sa spécialité. Il anime depuis 2015 « Very Good Trip » pour France Inter où il nous plonge dans le passé et le présent des « musiques alternatives »*. Rock, soul, punk, hip-hop, électro, entre autres. Il nous partage sa passion de musicomane. Il s’est toujours battu pour défendre des groupes qui inondaient alors peu les ondes , n’étaient pas de la variété, et surtout pas de la facilité, au plan musical.

*Une musique alternative est une musique qui s’affranchit de tout type d’appartenance de style, de forme de jeu, de famille musicale, de règles à respecter. Elle s’invente avec ses propres critères de composition, de réalisation ou de diffusion.

 

Le studio d'enregistrement du podcast Very Good Trip sur France Inter

Le studio d’enregistrement du podcast Very Good Trip sur France Inter

Michka Assayas, pourquoi Very Good Trip sur France Inter

Il a un parcours complexe et un rapport très politique au monde, une culture générale hors pair, un esprit contestataire. C’est un normalien, fils d’un père juif non pratiquant, qui lisait Montaigne et Voltaire, et d’une mère hongroise hyper créative. Il est le frère d’Olivier Assayas et d’un demi-frère hongrois, catholique pratiquant. Les discussions à  la maison étaient souvent agitées. De son côté, il a adopté la mentalité punk, nihiliste, donc profondément pessimiste qui a succédé au Flower Power de Woodstock.

Il prône pourtant aujourd’hui un optimisme individuel , car il vit de sa passion. Il a retrouvé l’amour et refuse de se laisser guider par le pessimisme ambiant, du rien ne va plus, le monde est foutu.

L’enfance avant ce Very Good Trip

Michkha est un enfant de parents mûrs, qui ont connu la seconde guerre mondiale ; Son père juif a dû quitter la France, son pays, ainsi que sa mère, qui dît quitter la Hongrie brutalement et connut des conditions sévères pour grandir. Leur optimisme à eux est issu de la fatalité de l’histoire européenne. Ces générations ont grandi dans l’horreur des destructions, sous les bombes ; Ils auraient pu ne pas survivre et lorsque l’on est passé par ces voies-là , on cultive un certain goût de vivre, comme celui que délivre Ginette Kolinka, la mère de Richard, le batteur du groupe Téléphone.

Il y avait une forte mélancolie chez mes deux parents, j’en ai été imprégné et parfois dans ma vie ça été difficile de joindre les deux aspects. Mais paradoxalement j’y parviens, et je suis nourri des histoires difficiles de certains artistes dont je parle dans mes émissions. Certains se sont relevés de leurs cendres, comme le phénix. La nostalgie est un sentiment ressenti dès l’enfance et la musique m’a sauvé. Je me souviens de moments de tristesse et d’ennui. Était-ce de la nostalgie ? Ou plutôt le sentiment que rien ne dure, que tout s’en va. Tous les soirs en écoutant de la musique, c’est presque une drogue, qui me donne l’impression que les moments heureux reviennent. Pour moi l’optimisme n’est pas une doctrine, une façon de théoriser le monde.

C’est plus une tactique de survie que de devenir optimiste pour lui.

 

J’ai voulu suivre les émissions de Michka dans le temps, et je vous propose de mettre en exergue deux émissions intéressantes qui vont nous rendre très optimistes, pour des raisons bien différentes.

 

L’émission du 23 septembre sur France Inter

Le 23 sept vous avez rendu hommage au malien Toumani Diabaté, récemment disparu, et ses sons cristallins de corde de la kora. J’invite à réécouter cette belle émission de musiques alternatives, à découvrir sur Very Good Trip le podcast de France Inter.

Espièglerie enfantine et douceur caractérisaient Toumani Diabaté. Je dois avouer que ce sont ces deux mêmes qualités que j’ai ressenties chez Michka !

Lors de cette émission il a invité Piers Faccini, qui, sur le folk blues, a introduit d’autres instruments et d’autres modes, d’autres rythmes. La kora c’est le clavecin, le piano ..; rien ne manque. Je vous invite à vous régaler du superbe morceau joué lors de l’émission.

« One half of a dream ».

Pourquoi le son de la kora nous fait-il tant de bien, selon vous ?

The Mandé variations de Toumani Diabaté permet de comprendre le passage du modal au tempéré.

Les émotions en jeu relèvent de la pureté, de la douceur, d’une certaine élévation, de la foi en l’humanité. Elles sont liées à la beauté, l’esthétique, la spiritualité, en une répétition hypnotique comme une prière, le vol d’un oiseau, la gestuelle fluide d’une main qui danse.

Le son cristallin de la harpe, c’est celle du roi David, dans la Bible.

La kora est un instrument orchestral qui fait les basses, la mélodie, et comporte en ce sens une dimension magique.

Elle délivre un son aérien qui élève, qui fait flotter, nous arrache à une forme de pesanteur.

Piers Faccini

Voilà 17 ans que Piers Faccini trace plus qu’une simple discographie à la surface de l’actualité musicale : il écrit le parcours sensible d’un homme qui avance en âge et accomplit sa traversée du monde. Chacun de ses albums porte le témoignage d’un mûrissement : c’est une moisson de chansons que le travail secret et quotidien de l’expérience a lentement fait monter en graine, et que leur auteur agence patiemment en bouquet. En créant des échanges profonds entre folksongs, pulsations gnawas et partitions pour quatuor à cordes, Shapes of the Fall répond encore à cette loi naturelle. Élaboré deux ans durant, il représente un tournant sur la haute route qui, étape après étape, conduit Piers Faccini au plus près, au plus vif de l’essence plurielle de son songwriting – cet artisanat qui se nourrit autant de l’héritage anglo-américain, des traditions de la Méditerranée, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest que de la musique ancienne ou baroque. Le métissage des musiques est porteur d’espoir pour le monde et partant de là d’optimisme.

En quoi vos émissions apportent-elles une joie enfantine ?

Je n’ai jamais compris ce que signifie être adulte, qui voudrait dire abandonner, alors que pour moi un adulte est celui qui a les super pouvoirs dont l’enfant rêve.

Je n’ai pas toujours eu des moments heureux. J’ai regagné mon enfance après des périodes sombres, je me rends compte que, oui,  j’ai fait ce chemin.

J’ai alors très envie de poser quatre questions à Michka sur les musiques et leurs liens avec différentes facettes de l’optimisme.

Quel est le musicien qui fait le plus de bien à l’âme ?

Le compositeur et arrangeur des Beach boys, Brian Wilson, qui fêtera le 20 juin ses quatre vingt deux printemps.

« Good vibrations »

« God only knows », qui est selon Paul McCartney la plus belle chanson du monde.

Mais aussi bien sûr les très populaires « I get around », « California Dreaming », « Barbara Ann » qui ont bercé nos jeunes années ou inspirent encore les musiciens du monde entier.

 

Connecté à son enfance, lui aussi, me dit-il es yeux rieurs ; Il a développé des harmonies très raffinées et des mélodies renversantes avec une délicatesse de touche, une fantaisie aussi. Il a été formé par le jazz le rock and roll, les musiques traditionnelles américaines.

 

Celui qui donne envie de croquer la vie qui donne grave la pêche ?

Il n’y en a pas tant que ça .. Paul McCartney

« Good day sunshine »

C’est très enjoué…

 

Celui qui nous conduit vers l’extase ?

Otis Redding

Il y a la joie mais aussi la délivrance dans la notion d’extase, n’est-ce pas ?

Il y a quelque chose d’une communion dans la musique soul qui vient du Gospel.

On est acheminé par le truchement d’une mélodie, d’une voix, des voix vers cette délivrance.

Bob Marley, qui lui aussi est un enfant de la soul, nous apporte une certaine extase dans ses mélodies.

Et puis je citerai U2, avec Bono, car il y avait cette capacité à littéralement transporter le public, lors des concerts. Seuls ceux qui y ont assisté peuvent comprendre.

 

Quelle musique permet de se focaliser sur la beauté du monde ?

Beaucoup.

Mais, curieusement c’est un auteur encore aujourd’hui peu connu qui me vient en tête :  Sam Beam qui signe Iron and Wine.

Douceur caressante dans la voix, qui rend beau tout ce qu’il touche.

Il nous emporte vers le lumineux, le parfumé, le chatoyant.

Ça lave de la grisaille. Ecoutez le sur youtube ! 732 hz …

Il chante comme certains musiciens africains, qui vous font flotter, comme quand on prend l’avion et que, voyant tout d’en haut, on trouve tout beau.

 

J’ai envie de mettre en avant une autre émission plus récente, enregistrée le 11 novembre dans un studio de la Maison de la Radio. On s’installe, à la cool, et on rigole bien au début, suite à un lapsus de Michka. La tension de l’enregistrement se défait. « Vous serez bien sourde » au lieu de « vous serez bien sûre » suffit à déclencher une vague de positivité dans le studio, en off. Qu’est ce qu’on peut être « bête » parfois !!

L’émission sur Quincy Jones (1933 2024)

Une série de 2 émissions a été imaginée suite à la disparition de l’artiste.

L’émission du jour est consacré à un noir américain né en 1933, doublement boursier pour l’université de Seattle, ainsi que pour pour étudier la musique au Berklee college de Boston. Il en parle dans son autobiographie parue en 2003 au cherche midi.

Un parcours incroyablement jalonné par le talent, la chance, et le travail qui le conduira aussi vers Nadia Boulanger. Elle même élève de Ravel. Il vivra tout jeune cinq ans sur Paris, travaillant pour Barclays. Il y a croisé Boris Vian, Juliette Greco.

On lui à reproché de s’être vendu à l’industrie blanche.

A moins de 40 ans il dirige des ensembles de 30 musiciens.

Jacques Denis, de Libération, connait bien la vie de Quincy

« Ray Charles, Count Basie, Frank Sinatra, Aretha Franklin et bien sûr Michael Jackson… Au long d’une carrière qui n’a jamais quitté les sommets, le trompettiste de jazz devenu arrangeur a composé ou produit mille et un albums devenus cultes, jusqu’au hit ultime: «Thriller». Et marqué de son empreinte plus d’un demi-siècle de musique américaine, du be-bop au hip-hop en passant par la pop. »

Plus loin, il continue …

« Vingt-sept grammys, des médailles honorifiques dignes d’un apparatchik, des tubes en veux-tu en voilà, dans tous les registres, pour tous les goûts, à toutes les époques, ces quelques breloques et certifications dont se repaît l’industrie du disque ne disent que trop peu d’un tel talent à la croisée de deux siècles. »

 

Je vous conseille d’écouter l’émission en deux parties de Michka Assayas, afin de découvrir Quincy là où on ne l’attend pas. Intro avec la Soul bossa nova, écrite en 1962 et utilisée en 1997 pour Austin Powers, une parodie de James Bond.

Quelques titres de l’émission qui rendent optimiste

  • Bill Cosby. Les rires qui se posent sur la mélodie mettent de bonne humeur !
  • Le générique du feuilleton des années 70  « l’homme de fer ». La sirène de police du générique annonce les « gimmicks » du Rap, ces quelques notes de musiques impactantes, positives par leur facilité à les mémoriser.
  • « Cry me a river ». On connait l’interprétation plutôt dramatique de Julie London, qui inspire QJ à réécrire la partition pour une jeune chanteuse, Lesley Gore. Par le pouvoir de l’interprétation et de l’orchestration, le son devient léger.
  • On retrouve enfin une reprise de « Superstition », signée QJ lui-même avec Bill Withers, Billy Preston et Stevie Wonder. Un titre de ce dernier, daté de 1972, particulièrement positif. Il nous invite à éviter la superstition et à agir pour mieux vivre.

Conclusion

Bon son !

 

Florence Ollivier Duchamp

Michka Assayas et Florence Ollivier

Michka Assayas et Florence Ollivier

Déléguée Rennes de la ligue des optimistes, conférencière, engagée et romancière.

Actualité littéraire : Précommande de mon troisième livre « pousser les nuages ».

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