lagrandeevasionLe Point a publié récemment des extraits de « La Grande Évasion », ouvrage majeur de l’économiste Angus Deaton.

Enfin un Prix Nobel d’économie accessible à tous. L’ouvrage d’Angus Deaton regroupe une vie de recherche sur la mesure du bien-être, l’enrichissement du monde, la pauvreté ou les inégalités.
En l’intitulant « La Grande Évasion », l’économiste américano-britannique, Nobel 2015, fait référence au film avec Steve McQueen, où des soldats alliés tentent de s’échapper d’un camp de prisonniers nazi. Car c’est une évasion que raconte Deaton, celle de l’humanité tout entière pour fuir sa condition originelle : la mort, la pauvreté, la maladie, la perte de très jeunes enfants… en remontant jusqu’aux conditions d’existence des chasseurs-cueilleurs, aux découvertes de la théorie microbienne, à la propagation des vaccins, aux habitudes alimentaires…

Extraits :

On vit plus longtemps
Bien sûr, il est difficile de prévoir les améliorations à venir dans le domaine de la santé, mais on peut supposer qu’un enfant blanc, de sexe féminin, né dans la classe moyenne de la riche Amérique d’aujourd’hui, a une chance sur deux d’être centenaire.
C’est un changement remarquable par rapport à la situation de son arrière-grand-mère, née en 1910, disons, qui avait à sa naissance une espérance de vie de 54 ans. Parmi toutes les filles nées aux Etats-Unis en 1910, 20 % sont mortes avant leur cinquième anniversaire, et seulement deux sur cinq mille ont été centenaires. Même pour sa grand-mère, née en 1940, l’espérance de vie à la naissance était de 66 ans et, sur mille filles nées cette année-là, trente-huit moururent avant leur premier anniversaire.
Ces différences historiques sont dérisoires par rapport aux différences existant de nos jours entre les pays. Dans de nombreuses parties du monde, la santé est aujourd’hui bien pire qu’elle n’était aux Etats-Unis en 1910. Un quart de tous les enfants nés en Sierra Leone (ou en Angola, au Swaziland, en République démocratique du Congo ou en Afghanistan) ne vivront pas jusqu’à leur cinquième anniversaire, et l’espérance de vie à la naissance dépasse à peine 40 ans. Les femmes ont en général entre cinq et sept enfants, et la plupart des mères verront au moins l’un de ces enfants mourir. Dans ces pays, une naissance sur mille cause la mort de la mère, risque qui s’élève à une naissance sur cent pour les femmes ayant dix enfants.
Ces chiffres sont terribles, mais ils sont bien meilleurs que ceux d’il y a quelques décennies : même dans les pires endroits, où rien d’autre ne semble aller, le risque de mourir diminue. Dans certains des pays où la situation est la plus grave, comme le Swaziland, si un enfant dépasse l’âge de 5 ans, il risque ensuite d’être contaminé par le sida, ce qui accroît considérablement le risque de mourir peu après avoir atteint l’âge adulte, quand normalement très peu de gens meurent.
Mais ces horreurs n’ont rien d’universel dans les pays tropicaux, ni même dans tous les pays pauvres. Il existe de nombreux pays, dont au moins un pays tropical (Singapour), où un nouveau-né a des chances de survie aussi bonnes, voire meilleures, qu’aux États-Unis. Même en Inde et en Chine – qui se partageaient en 2005 plus d’un tiers de la population mondiale et près de la moitié des habitants les plus pauvres de la planète -, les nouveau-nés peuvent aujourd’hui espérer vivre 64 et 73 ans respectivement.

Richesse et santé
Le lien entre espérance de vie et pauvreté, bien que réel, est loin d’être exact. En Chine et en Inde, où l’espérance de vie est de 73 et 64 ans, beaucoup de gens vivent avec moins de 1 dollar par jour : environ un quart de la population indienne et un septième de la population rurale chinoise.
Et même si l’économie chinoise dépassera bientôt l’économie américaine par la taille, le revenu par tête en Chine ne représente qu’environ 20 % du revenu américain ; en moyenne, cinq Chinois se partagent le revenu d’un Américain.
Il y a d’autres pays encore plus pauvres où l’espérance de vie est bonne : le Népal et le Bangladesh, où l’on peut espérer vivre une soixantaine d’années, par exemple. Le Vietnam n’est guère plus riche, mais, en 2005, l’espérance de vie y était de 74 ans.
Il existe aussi des pays riches dont le bilan en matière de santé n’est pas à la hauteur de leurs revenus. Les États-Unis en sont un exemple notable, puisque l’espérance de vie y est parmi les plus basses des pays riches.

Les nouvelles inégalités
La croissance économique apporta un meilleur niveau de vie ainsi qu’une réduction de la pauvreté. Il est difficile de mesurer cela avec précision, j’y reviendrai, mais une étude prudente estime que le revenu moyen de tous les habitants de la planète a augmenté de sept à huit fois entre 1820 et 1992.
En même temps, la part de la population mondiale vivant dans la pauvreté extrême est tombée de 84 % à 24 %. Cette hausse du niveau de vie, historiquement sans précédent, s’est accompagnée d’énormes hausses de l’inégalité des revenus, tant entre les pays qu’entre les habitants d’un même pays. La nature de l’inégalité a également changé. Au XVIIIe siècle, la plupart des inégalités existaient au sein des pays, entre les riches propriétaires aristocratiques et la plèbe. En 2000, à l’inverse, c’est entre les pays qu’on observe les plus grands écarts, résultat final de la « sacrée » divergence. (…)

Quand le bien-être s’améliore, tout le monde n’en profite pas également, si bien que l’amélioration creuse souvent (mais pas toujours) des écarts entre les gens. Le changement, positif ou négatif, est souvent injuste. Ce qu’il advient de l’inégalité n’importe pas seulement pour notre manière de juger l’amélioration en question – qui en récolte les avantages et qui est laissé pour compte – mais aussi parce que l’inégalité a ses propres effets. L’inégalité peut parfois répandre la croissance si elle ouvre la voie pour que d’autres bénéficient des nouvelles opportunités. Mais elle peut aussi saper l’amélioration matérielle et même menacer de l’éliminer entièrement. L’inégalité peut motiver les laissés-pour-compte, leur inspirer le désir de rattraper, en suscitant des améliorations pour eux et pour les autres. L’inégalité peut aussi devenir tellement grave, et les avantages peuvent être tellement concentrés entre les mains de quelques-uns, que cela asphyxie la croissance économique et compromet le fonctionnement même de l’économie.

La fin de l’extrême pauvreté
Le nombre de personnes dans le monde vivant avec moins de 1 dollar par jour est passé d’environ 1,5 milliard en 1981 à 805 millions en 2008. Cela s’est produit malgré une hausse démographique dans les pays couverts de près de 2 milliards d’individus, de sorte que la fraction de la population vivant dans la pauvreté a chuté bien plus vite que les totaux, de 42 % à 14 %.

« La Grande Évasion : santé, richesse et origine des inégalités« , d’Angus Deaton (PUF, 384 p., 24 euros).

Clément Lacombe, dans Le Point du 20/08/2016

Prochains Événements Optimistes :

Conférence optimiste le mercredi 16 novembre à Périgueux
Dans le cadre de la remise des prix des Aquitains de l’année, Yves de Montbron animera une conférence optimiste ouverte à tous.
Inscription ici : http://p5trc.emv2.com/LP/qG0RbwVePifz
Yves de Montbron conférencier

La-magie-du-matin

Dîner des Optimistes de Poitiers le 30 novembre 
Nous avons le plaisir de vous convier à une soirée-conférence en présence d’Isalou Beaudet-Regen le mercredi 30 novembre à 19 heures à l’Hôtel Altéora, avenue du Futuroscope sur la Technopole du même nom à Chasseneuil du Poitou.
Voici le lien pour vous inscrire et régler la soirée (26€ par personne, comprenant le cocktail en fin de conférence) : https://www.weezevent.com/la-magie-du-matin-2
Au plaisir de vous accueillir nombreux !
Optimistement vôtre,
Le bureau : Laura, Françoise, Francis, Frédéric ☺


Dîner des Optimistes de Metz le 20 décembre
– Quand : mardi 20 décembre 2016 à 19h30
– Où : restaurant PORTOFINO, 120 bd St Symphorien 57050 Longeville les Metz
– Participation : 35 € par personne (apéritif, entrée, plat, dessert, café, eau et vin)
– Le thème de la soirée est : LE PITCH ou qui êtes-vous ?
L’intervenant, le fameux Francis ZENTZ, conférencier professionnel international, nous présentera comment faire un PITCH, c’est à dire comment nous présenter de façon optimiste et enthousiasmante en toutes circonstances.
– Inscription : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfyEg0gOOKr0xEPmekr1_1Torc_i1kXzGiQDeD5q1Up0Q8XjA/viewform?c=0&w=1
IMPORTANT : Uniquement sur réservation. Votre inscription se fait en complétant le bulletin d’inscription en ligne et sera validée à réception de votre règlement selon les places disponibles.
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Contacts : Violeta : 06 98 12 82 29 ou violetpetkova@gmail.com et Jean-François : 06 457 427 83 ou jfz@zils.fr

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