Comment enseigner l’optimisme à ses enfants, et leur faire du bien au corps et à l’esprit ?
Les conseils du psychiatre et psychologue Alain Braconnier (*).

Le Point.fr : Quels sont les avantages à être optimiste ?
Alain Braconnier : L’optimisme serait-il la première marche de l’éducation, que ce soit à l’école ou en famille ?
On sait qu’il permet, avant toute chose, de rendre un enfant plus motivé, plus confiant en lui et plus heureux.
Il favoriserait même sa santé physique.
Dès tout petit, à propos d’un même événement désagréable, douloureux ou traumatique, certains enfants auront le pouvoir de le vivre, d’y faire face avec énergie et volonté, alors que d’autres le subiront douloureusement ou passivement.
Pour les premiers, devant cette épreuve, ils auront en mémoire qu’ils ont été « courageux », l’entourage leur aura dit, ils en garderont une certaine fierté. Celle-ci sera la source, quand ils grandiront, d’une meilleure estime d’eux-mêmes. Ultérieurement, ils seront moins tentés de fuir les obstacles qu’ils rencontreront à l’école ou en famille.
À l’adolescence, quand ils ressentiront des moments d’angoisse ou de déprime, ils sauront s’appuyer rapidement sur leur fond d’optimisme acquis dans l’enfance.
Grâce à cette nouvelle spirale éducative, cela leur permettra d’éviter de devenir dépendants de substituts extérieurs comme l’alcool ou la drogue. Ils n’auront pas besoin de prendre des risques inconsidérés pour se sentir exister.
L’avenir de l’enfant dépend pour une part de son niveau d’optimisme.

L’optimisme s’enseigne. Expliquez-nous comment ?
Au-delà des tempéraments de l’enfant qui fait qu’il soit destiné à être plutôt optimiste ou pessimiste, chaque parent, y compris ceux qui sont plutôt pessimistes, mais aussi chaque enseignant, pourra profiter aujourd’hui des connaissances plus précises sur les comportements et les pensées qu’il faut privilégier pour qu’un enfant soit optimiste.
Les attitudes à favoriser dès le plus jeune âge sont connues : insister sur le fait d’entreprendre une seule chose à la fois permettant de mieux la réaliser, encourager la ténacité pour réussir ce que l’on a commencé, partager les sourires et les rires.
Stimuler la curiosité, le goût de la connaissance et même l’émerveillement favorise l’optimisme chez l’enfant un peu plus âgé.
Lorsque l’enfant grandit, il est bon de l’aider à aller vers les autres plutôt que de rester inhibé ; il est recommandé de lui enseigner à manier l’humour à la place de l’agressivité.
L’optimisme n’est pas seulement un sentiment, il correspond aussi à un mode particulier de pensée.
Il devient alors intéressant de lui apprendre à penser de façon optimiste afin qu’il devienne lui-même le contestataire de ses pensées négatives. Comment ? En l’aidant à se rappeler les bons souvenirs, les moments heureux qu’il vit plutôt que les mauvais ; en lui montrant que chacune des explications qu’il donne à ce qui lui arrive de pénible ou à ce qui se passe autour de lui d’angoissant est liée à un seul fait ou à un moment précis.
L’enfant combat ainsi toute généralisation qui l’amènerait trop facilement à penser face à un échec « de toute façon je suis nul, je le serai toujours ». Il faut savoir féliciter un enfant, mais à juste titre, l’enfant n’est pas dupe de ce qu’il fait.
Il est important aussi de savoir critiquer l’enfant lorsque cela est nécessaire, mais de la même façon : sur un point précis et non pas sur tout ce qu’il est.
Un programme, pour appliquer ces conseils, s’est montré efficace (le « Penn Prevention Program »). Il a été développé dans différents pays du monde auprès de parents et d’enseignants, mais malheureusement pas encore en France.

Envisager la vie avec optimisme n’est pas toujours aisé. Que faire quand le moral flanche ?
Avoir à l’esprit que rien n’est jamais figé, c’est la caractéristique de l’enfance comme jouer, rire et rêver.
Il s’agit de faire trouver à l’enfant un équilibre satisfaisant entre des moments où il peut être optimiste et d’autres plus pessimistes.
Le refus de toute pensée pessimiste est à proscrire (le pessimisme permet aussi d’anticiper des situations dangereuses), de même que l’optimisme « béat ».
Mais quand le moral continue de flancher, le programme évoqué ci-dessus s’est montré réellement utile chez des enfants qui se montraient déprimés.
Quand le moral flanche, on peut ajouter qu’à tout âge, et dès la petite enfance, sentir un soutien par ceux qui vous entourent et construire des projets, prenant du sens selon chacun, permettent de combattre le risque d’un effondrement.

(*) Alain Braconnier est l’auteur de « Optimiste » et « L’enfant optimiste » aux éditions Odile Jacob.

Propos recueillis par Emilie Lanez pour Le Point
Source : http://www.lepoint.fr/insolite/l-optimisme-ca-s-apprend-09-02-2015-1903405_48.php

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